Etape 39 - Bogota - Autour de la Plaza Bolivar
Lundi 9 juillet 2018. Direction le centre de Bogota et la plaza Bolivar***. Le coeur historique de la capitale colombienne. Place gigantesque entièrement réservée aux piétons et bode de monuments historiques, de bâtiments administratifs et de la cathédrale Primada.

Au milieu de la place se dresse la statue de Simn Bolivar, le libérateur de l'Amérique du Sud face à l'occupation espagnole. C'est d'ailleurs autour de cette statue que la plupart des manifestations populaires se rassemblent symboliquement.



En temps normal, la place est occupée par les habitants, les badauds, les curieux... et les touristes comme Léa et moi. Sans oublier les milliers de pigeons qui envahissent quotidiennement la place.

Derrière les pigeons et ces jeunes filles se dresse le fameux Palacio de Justicia, le siège de la cour suprême. Un édifice historique qui a subi tous les assauts, y compris ceux des troupes du commando de guérilleros financé en sous-main par Pablo Escobar qui l'attaquèrent le 6 novembre 1985. 40 ans plus tôt, en 1948, ce même palais fut incendié après les émeutes sanglantes du Bogotazo...

Mais comment ne pas évoquer la lourde histoire de Bogota plantée à 2.640 mètres d'altitude sur un plateau verdoyant au pied de la Cordillère orientale ? Un peu plus de 11 millions d'habitants aujourd'hui, quand en 1538 elle ne comptait qu'une poignée d'indiens Muiscas dirigée par un chef prénommé "Bacata". Aujourd'hui, ce même Bacata ne reconnaîtrait rien de son village, hormis la grande forêt à la végétation impénétrable qui recouvre les flancs du Cerro Monserrate.

Contrairement à Mexico, Quito ou Cuzco, Bogota n'a jamais été le siège d'un puissant empire. Même les Incas ne s'étaient pas encore aventurés juqu'ici, sur ce haut plateau, et sétaient arrêtés au rio Guaitara, au sud de Pasto. A l'arrivée des espagnols, les Conquistadors ne trouvèrent donc qu'une poignée de tribus isolées vivant dans une jungle épaisse mais sur des sols fertiles, possédant chacun leurs coutumes, leur langue et leurs activités agricoles et artisanales.

Mais une légende va rapidement gagner les conquistadors espagnols. Certains d'entre eux, au contact des Muiscas, s'enflamment à l'idée de dérober le trésor d'un puissan chef indien appelé El Dorado, à la tête d'un royaume débordant d'or. On raconte alors que ce roi se baigne dans les eaux d'un lac en se couvrant à chaque fois de pailles d'or. Ainsi commença la recherche de l'El Dorado, quand une poignées de Conquistadors se mirent à la recherche du graal en pénétrant profondément dans la jungle colombienne, loin de l'Equateur, du Pacifique ou de la côte caraïbes où ils venaient de fonder Santa Marta (1526) et Cartagena (1532)... Sans succès.

En 1536, les Conquistadors mettent le paquet et rassemblent 700 hommes sous le commandement de Gonzalo Jimenez de Quesada pour trouver El Dorado et son vaste trésor. C'est ainsi que les Espagnols atteignent le plateau de Cundinamarca où vivent les Muiscas dirigés par Bacata. Quesada ne trouve pas l'or escompté, mais fonde la ville de Bogota à l'emplacement du village de Bacata. La région qui l'entoure prend le nom de Nouvelle-Grenade en hommage à la région natale de Quesada.

Un an plus tard, en 1539, deux autres conquistadors arrivent à Bogota, assoifés par l'or : Sebastian de Belalcazar, qui vient de conquérir Quito et Atahualpa, le général Inca, et Nikolaus Federmann, un conquistador allemand venu tout droit du Vénézuela voisin qui avait été donné par Charles Quint aux banquiers d'Ausbourg afin de rembourser ses dettes... La rencontre eut lieu, le temps pour les trois hommes de comprendre que l'El Dorado ne s'était pas réfugié là, et de repartir chacun de leur côté... Ainsi, naquit la ville de Bogota.

Pendant plusieurs décennies, Bogota se limite à quelques cabanes d'indiens placée sous le contrôle de l'île d'Hispaniola (la république Dominicaine aujourd'hui), puis en 1550, la ville est placée sous le commandement du vice-roi du Pérou, à Lima, 3.000 km plus au sud. La population indigène, touchée par les maladies apportés par les Espagnols, tombent comme des mouches... Les esclaves africains vont rapidement prendre le relais.

Au fil des XVIe et XVIIe siècle, la ville grandit autour du quartier de la Candelaria. Les esclaves venus d'Afrique viennent travailler dans les mines d'or. Et en 1717, la ville se détache de Lima pour devenir la capitale du vice-royaume de la Nouvelle-Grenade. Un immense territoire comprenant la Colombie, le Vénézuela, l'Equateur et le Panama qui formeront au XIXe siècle la Grande Colombie.

Mais ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que Bogota, nouveau centre politique d'Amérique du Sud, prend véritablement son essor. Eglises, palais, demeures bourgeoises poussent comme des champignons.





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